Le passif existe maintenant depuis 25 ans et a largement fait ses preuves, résultats monitorés à l’appui. Pourtant, certaines idées reçues persistent toujours, alimentées par quelques contre-exemples marquants. Nous avons répertorié les plus fréquentes.
SURCOÛT : « LE PASSIF, C’EST CHER »
On a assisté ces dernières années à une multiplication de cas de bâtiments passifs sortis de terre sans le moindre surcoût. C’est le cas par exemple du magasin Cholet Moto (lien) construit pour 600 € du m². Cette dynamique a toutes les chances de se poursuivre : en se généralisant, les bâtiments passifs sont toujours moins cher à construire. Toutefois, un surcoût allant de 5 à 15 % peut encore être constaté sur certains projets. Plus le bâtiment est petit, plus le surcoût risque d’être important. Sur de grands collectifs ou des bâtiments tertiaires importants, on voit même apparaître le terme de « surcoûts négatifs ». Plus l’équipe de maitrise d’œuvre est nouvelle au concept passif, plus les surcoûts risquent à nouveau d’être importants
Le passif est surtout un investissement gagnant sur le long terme.
On n’est pas en bourse avec des rentabilités annuelles importantes. Mais on n’a pas de risque non plus. Seul risque c’est que la valeur du bâtiment se bonifie avec les ans. En diminuant drastiquement les dépenses énergétiques, le passif taille aussi dans les coûts d’exploitation. Exemple avec une maison familiale de 140m² : construite avec un surinvestissement de 12 000 € (fenêtres, ventilation) imputable au passif, elle permet à ses propriétaires d’économiser 450 € de frais énergétiques chaque année. L’investissement est donc rentabilisé en moins de 25 ans.
Plus l’échelle est grande, et plus les économies réalisées sont importantes. C’est pourquoi de plus en plus d’investisseurs institutionnels (bailleurs sociaux, sièges d’entreprise, collectivités) s’orientent désormais vers ce mode constructif.
SURCHAUFFE ESTIVALE : « SI LE BÂTIMENT RETIENT LA CHALEUR, ON DOIT ÉTOUFFER EN ÉTÉ »
C’est le fameux « effet thermos ». Puisque la chaleur ne s’évacue plus naturellement par les murs, elle est conservée à l’intérieur, et on étouffe en été. Logique.
En réalité, les choses sont un peu plus subtiles. Il est vrai que la très haute étanchéité empêche l’air de s’échapper via les murs. Mais l’air, et donc la chaleur qu’il véhicule, est géré par une VMC à échangeur thermique. L’été, elle fonctionnera en mode « bypass » pour réguler la température. L’épaisse couche d’isolant joue aussi un rôle de régulateur, en ralentissant la pénétration intempestive de la chaleur extérieure, et « l’effet thermos » permettra aussi de garder le frais plus longtemps….
Un bâtiment bien conçu prévoit en outre des solutions contre la surchauffe, comme des brise-soleils ou une ventilation nocturne. En ajoutant un puits canadien (à air ou à eau), on peut obtenir un petit supplément de rafraîchissement de l’ordre de quelques degrés, bien agréable en période de canicule. Des bâtiments passifs existent et fonctionnent très bien dans les régions chaudes, depuis le sud de la France jusqu’à Doha !
Pour tout savoir sur le confort d’été, rendez-vous sur l’article dédié.
FENÊTRES : « ON NE PEUT PAS OUVRIR LES FENÊTRES »
Oui, on peut ouvrir les fenêtres dans un bâtiment passif, comme dans une construction traditionnelle. La ventilation double-flux gérant l’aération, le besoin de ventilation manuelle se fait tout simplement moins sentir pendant la période froide. En revanche l’ouverture des fenêtres pendant la période chaude est bien agréable quand il fait plus frais dehors qu’à l’intérieur : tous les bâtiments passifs certifiés ont au moins une fenêtre ouvrable dans toutes les pièces de vie.
USAGES SPÉCIFIQUES : « LE PASSIF, C’EST BON POUR LES MAISONS »
Ce qui est vrai c’est qu’en volume, le nombre de « maisons passives » a longtemps été majoritaire en France. C’est vrai que la décision de construire une maison est plus simple qu’un bâtiment plus conséquent.
D’ailleurs, le premier bâtiment à être sorti de terre, en 1991, était un immeuble de 4 logements. En France, un petit collectif social émergeait dès 2010, à Saint Léry. On ne compte plus aujourd’hui les ouvrages tertiaires passifs : bureaux, écoles, hôtels, supermarchés, centres sportifs…
Aujourd’hui, les promesses d’efficacité énergétique et de rentabilité financière à moyen terme attirent toujours davantage les investisseurs institutionnels, publics comme privés. Aussi, en 2014, on a assisté à un basculement au sein des constructions labellisées : en surface, les bâtiments tertiaires et les logements collectifs ont pris l’ascendant sur les maisons individuelles.
RÉNOVATION : « LE PASSIF, C’EST BIEN POUR LE NEUF, MAIS IMPOSSIBLE DANS L’EXISTANT »
Plus contrainte que la construction neuve, la rénovation, qu’elle soit passive ou traditionnelle, doit prendre en compte un contexte existant : orientation prédéfinie, ensoleillement limité, absence de local technique… Chaque chantier présente donc ses spécificités et ses défis.
Mais les exemples de bâtiments rénovés au standard passif sont désormais plus nombreux, quel que soit le type d’usage : individuel, collectif ou tertiaire. En outre, le standard EnerPHit dédié à la rénovation, a été assoupli afin de prendre en compte ces contraintes spécifiques.
Plus d’information sur la rénovation dans l’article dédié.
ÉTRANGER : « LE PASSIF, C’EST UN CONCEPT ALLEMAND »
Le premier bâtiment passif a vu le jour il y a 25 ans dans la ville de Darmstadt en Allemagne, sous l’impulsion de Wolgang Feist, fondateur du Passivhaus Institut. Le terme choisi « Passivhaus »/ « maison passive » décrit parfaitement ce qui était visé : la maximisation des apports passifs pour chauffer le bâtiment (gains solaires passifs, gains internes passifs, récupération passive sur l’air chaud rejeté, etc.) Le label passif a lui aussi été développé sous un intitulé allemand, « Passivhaus », décliné en France sous le terme de « label Bâtiment Passif ». Pourtant dès l’origine, le projet de recherche qui a fait connaître le passif (projet CEPHEUS) réunissait des experts européens, y compris français, et avait prévu l’adaptabilité du concept à tous les types de climat.
Aujourd’hui, on recense plus de 30 000 bâtiments passifs dans le monde, avec des résultats très intéressants quelle que soit la latitude. En France, 3 000 bâtiments ont vu le jour depuis 2007 en France métropolitaine.