Vienne accueillait les 28 et 29 avril derniers la 21e Conférence internationale du Passif. Quelles ont été les grandes annonces de cette conférence ? Que s’est-il dit ? Voici notre compte-rendu.
Pourquoi Vienne ?
Pour la première fois, le Passivhaus Institut posait ses valises dans la ville de Vienne. Très connue pour son côté historique, on connaît pourtant moins le côté écologique de la capitale autrichienne.
En effet, Vienne a, semble-t-il, réussi à anticiper la transition énergétique sur plusieurs aspects. La ville et sa province exigent depuis 2008 que tous les bâtiments publics soient érigés selon les critères du Bâtiment Passif. L’émulation s’est faite rapidement avec l’érection de la première tour passive au monde, suivie du premier palais de justice ainsi que de la première prison, tous les deux les premiers du genre en conception passive.
Forte de cette dynamique, la capitale compte désormais des dizaines de bâtiments passifs et des milliers d’appartements passifs (à l’instar du quartier Eurogate, qui compte 1 700 logements passifs). Ceux-ci jouent d’ailleurs plutôt des rôles de batteries thermiques pour le stockage de l’énergie solaire plutôt que de sources d’électricité.
La ville encourage également la pratique du vélo et de la marche, faisant la part belle dans la ville aux pistes cyclables et chemins piétons, ainsi qu’aux transports en commun ; la voiture perd graduellement du terrain tandis que l’agriculture biologique se veut être à la portée de tous. Un mode de vie qui a été spontanément adopté et qui change le visage de Vienne, faisant d’elle une ville avant-gardiste. Comme l’écrit le blogger Lloyd Alter en conclusion de sa visite de la capitale pendant la Conférence internationale : « Ce n’est pas que l’idée du passif que nous devons exporter, mais surtout la philosophie de Vienne ».
Un impact international
Pour cette 21e édition, ce sont 60 nationalités différentes qui ont participé à la conférence, avec une nette évolution de la participation de la part de l’Asie et de l’Océanie, même si les continents « historiques » (Europe, Amérique du Nord) étaient bien représentés.
La plus grande annonce de cette conférence a été faite par le professeur Feist, qui a annoncé que la construction passive était désormais obligatoire à New York et à Brooklyn, couronnant ainsi la campagne en faveur du passif menée par Bill de Blasio, maire de New York, depuis 2015. Il a également déclaré : « Il est facile de changer les bâtiments mais il n’est pas facile de changer les gens« , à propos des difficultés que rencontrent certains pays à implémenter la construction passive.
Et en effet, il est facile de changer les bâtiments car la rénovation a été la star des sujets de conférences. À l’instar de la première pharmacie passive au monde, bâtie en Irlande, à Clonmel. Le projet est remarquable sur plusieurs points, notamment sur le fait qu’il s’agit d’une rénovation dans un cadre très strict : le quartier étant classé historique ; il a fallu procéder avec doigté… Notamment quand l’équipe s’est aperçue que la structure du bâtiment à rénover faisait tenir les deux bâtiments qui lui sont mitoyens !
pharmacy from Paul McNally on Vimeo.
Le centre communautaire « La Provvidenza », à Pergine Valsugana, en Italie, a également été salué. Le centre, bâti en 1922 et ayant évolué au fil des années et de ses usages, a connu une rénovation très lourde ainsi qu’une extension qui ont été toutes les deux réalisées au niveau passif. Le projet, figurant dans les exemples d’EuroPHit, est terminé et a finalisé sa mutation avec l’ajout de panneaux solaires.
Comment rénover au mieux une maison typique des États-Unis ? En essayant soi-même ! C’est ce qu’a fait Stas Zakrzewski, en rendant dans le même habitable la cave et le grenier d’une maison. La cave était en pierre, non étanche. L’étanchéité a été réalisée grâce à une couche de ciment sur les pierres à l’extérieur, en creusant la terre. Un pare-pluie a été installé sur l’isolant mis en oeuvre, car il existait un pont thermique de périmètre conséquent, à cause de l’isolation sous chape dans la cave. Résultat : la maison a obtenu le label Bâtiment Passif Plus !
Pour aider à la mise en œuvre des rénovations passives, EuroPHit, le projet de recherche et développement sur le sujet, a décidé de mettre en ligne un guide pour assister concrètement toute personne souhaitant se lancer dans ce type de projet.
Les + techniques
Maxime Thillaye du Boullay, ingénieur projets à La Maison Passive, s’est rendu à la Conférence et a également assisté à un atelier technique en amont, portant sur le module designPH.
Voici les bonnes pratiques qu’il en a extrait :
- Calques et groupes dans SketchUp : les formateurs conseillent de mettre les objets dans des groupes, afin de pouvoir ensuite les transférer dans des claques, ce qui permet de les cacher (murs internes, escaliers). Cela facilite également l’analyse effectuée par designPH car celui-ci fonctionne avec tout ce qui est sélectionné et visible
- S’il y a une isolation sur châssis, on met tout d’abord la fenêtre (longueur et largeur correspondantes). Ensuite, on ajoute par-dessus une épaisseur d’isolation. Attention, il ne faut pas la rajouter en tant que surface de déperdition (on assigne donc l’épaisseur d’isolation sur châssis comme une surface non-thermique dans les caractéristiques thermiques de la surface). Elle servira seulement pour les calculs de débordants et embrasures. La sur-isolation sera à prendre en compte dans une modification du PSI de mise en oeuvre de la fenêtre.
- Ombrages dans designPH : un nouveau calcul d’ombrage sera présent dans la prochaine version de designPH. Il s’agit d’un calcul par balayge de tous les degrés et de reconnaissance d’obstacles. Une image des ombrages sur la fenêtre est créée puis le logiciel en extrait un facteur d’ombrage supplémentaire.
Lorsque l’on crée son modèle SketchUp, il faut faire attention à garder les objets plutôt simples aux alentours sinon le logiciel cherchera des ombrages bizarres.
Le Passivhaus Institut vous donne d’ores et déjà rendez-vous pour la 22e Conférence internationale du Passif, qui aura lieu les 9 et 10 mars 2018 à Munich. Le mot d’ordre de cette conférence sera « La construction passive : ça vaut le coût ! » et l’appel à contribution est ouvert. Vous pouvez soumettre votre contribution jusqu’au 12 septembre.