La bataille du radiateur est-elle la bonne bataille ?
En se focalisant sur le choix entre le radiateur gaz et le radiateur électrique comme enjeu de la nouvelle réglementation environnementale (RE 2020) qui concerne le logement neuf, on oublie aisément le véritable enjeu qui est l’efficacité énergétique des bâtiments.
Nous sommes capables en France de construire des logements qui consomment réellement moins de 15 kWh par m² habitable pour le chauffage, soit 3 à 4 fois moins que les logements standards construits avec la RT 2012. Ce sont des bâtiments bioclimatiques respectant le standard passif : bien conçus, bien construits et bien utilisés, avec une récupération de tous les apports internes et solaires, une isolation renforcée, une réelle étanchéité à l’air et une capacité de gérer les surchauffes solaires.
Plusieurs milliers de logements passifs existent aujourd’hui en France qui dépensent réellement moins de 100 € par an pour leur chauffage (cf. le site www.lamaisonpassive.fr). Dans la maison individuelle, les constructions passives permettent d’éradiquer complètement les énergies fossiles, un ou deux sèche-serviettes suffisent pour assurer l’appoint de chauffage nécessaire (cf. Maisons Individuelles Passives, éditions Le Moniteur, 2019) ; dans le collectif, une seule chaudière gaz individuelle est nécessaire pour assurer le chauffage de 20 logements, soit 1 000 watts par logement (cf. Nouvelles Architectures Ecologiques, Le Moniteur, 2016). De plus le bâtiment passif assure un confort inégalé en évitant les circulations d’air chaud et froid dans les bâtiments et améliore la qualité de l’air intérieur grâce aux filtres de la ventilation double flux (cf. Bâtiments passifs Tertiaires, éditions Le Moniteur, 2018).
Une stratégie énergétique durable (que les suisses appellent la société à 2 000 watts) devrait s’appuyer sur ces pionniers de l’efficacité énergétique réelle plutôt que sur les grands fournisseurs d’énergie.
Cela impliquerait d’en finir avec une politique de l’offre, certes régulée mais toujours prédominante dans les modes de décision, de développer une politique industrielle et de formation pour enfin maîtriser la ventilation (double flux), le renouvellement d’air et les ponts thermiques (perte d’étanchéité à l’air). Ceci devrait sans doute s’accompagner de techniques de financement des logements intégrant dans le plan de financement les économies futures, comme le suggérait Alain Maugard il y a quelques années, sans oublier l’usage par les professionnels d’un moteur de calcul fiable (cf. le site de la Scop Fiabitat qui montre les carences du moteur de calcul réglementaire, non prédictif mais utilisé comme tel par les décideurs).
Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, auteurs des trois ouvrages cités
Contacts : outrequin.philippe@gmail.com ; 06 46 21 58 82