Le Congrès Passi’bat approche, et avec lui son programme de conférences riches en projets exemplaires. Chaque semaine, nous mettrons l’accent sur une des ces interventions afin de vous donner un avant goût de ce que vous pourrez découvrir les 25 et 26 novembre, au Parc Floral de Paris.
L’histoire de ce projet passif atypique commence par un incendie. Un soir d’aout 2012, en quelques heures, le concessionnaire Cholet Moto (49), est ravagé par les flammes. Le bâtiment, construit en 1993 et d’une surface de 750m², donnait jusque-là plutôt satisfaction à son propriétaire, M Patrick Bossard. Mais l’hiver venu, même avec le chauffage allumé, bonnets et gants étaient de mise : des conditions pénibles et des milliers d’euros partis en fumée dans la chaudière au fuel chaque année…
UNE PROPOSITION ALLECHANTE : CONSTRUIRE PASSIF SANS DEPASSER LA PRIME D’ASSURANCE
Dans sa situation difficile, M Bossard allait être chanceux : l’assurance remboursait le bâtiment à coût identique en comprenant la réactualisation des prix suivant l’indice BT01, soit plus de 400 000 € de prime. Surtout, il allait faire la connaissance d’un bureau d’étude proactif, Equipe Ingénierie.
En la personne d’Allain Tugdual, diplômé CEPH (Concepteur Européen Bâtiment Passif), le BET allait faire à M Bossard une proposition des plus intéressantes : reconstruire le bâtiment, élevé au standard passif, sans dépasser le remboursement de l’assurance, ni les coûts de construction RT 2012.
Pour le même investissement, le maître d’ouvrage pourrait donc bénéficier d’un bâtiment neuf, et surtout de coûts d’exploitation considérablement amoindris. Entre la construction originelle et la nouvelle, passive, Equipe Ingénierie anticipait une baisse drastique des besoins de chauffage. Alain Tugdual se rappelle : « La première chose que le maître d’ouvrage nous a dit, c’est « Je veux un bon chauffage ». Alors on lui a mis un très un bon système de chauffage… pour 2 000 € de charges annuelles, plutôt que 6 000 ou 7 000 € jusque-là ! »
Sur la base d’un budget de 403 000 € HT, soit 570 € HT du m², le projet était retenu par le maitre d’ouvrage. Ainsi, le choix de la construction passive, qui n’était pas une demande originelle du cahier des charges, s’est fait en cours d’étude, au vu des avantages tangibles offerts en termes de coûts d’exploitation.
APRES UN AN D’UTILISATION, LE CHAUFFAGE RESTE ETEINT
Le bâtiment d’origine datait de 1993 et avait pour principe constructif une charpente métallique, une couverture en bac sec, un faux plafond en dalle 600*600 avec 200mm de laine de verre et 60mm d’isolation périphérique.
Le système constructif du nouveau magasin repose également sur une charpente métallique. La couverture est en bac acier, agrémenté de 240mm de laine de roche et d’une membrane d’étanchéité. Les murs périphérique sont en panneaux sandwich polyuréthane de 200mm d’épaisseur et l’isolation de sol est en PIR 120mm. Les menuiseries et le mur rideau triple vitrage sont de la marque Stabalux. Le chauffage restant sert à l’appoint pendant les périodes de grand froid, il n’y a aucune climatisation.
Le bâtiment, livré à la mi-janvier 2014, est actuellement en cours de labellisation Bâtiment Passif. Le test d’étanchéité à l’air réalisé donne une valeur de n50=0.15-1. Le logiciel PHPP indique une valeur de chauffe de 9kWh par m² et par an. Au cours de l’hiver écoulé, il n’a jamais été nécessaire de mettre en route le chauffage sans que la température ne descende en dessous des 16°C.
SUR LE CHANTIER, FAIRE COMPRENDRE AUX ENTREPRISES L’IMPORTANCE DE L’ETANCHEITE A L’AIR
De l’extérieur, Cholet Moto ressemble aujourd’hui à n’importe quel concessionnaire deux-roues. Pourtant, le bâtiment a été conçu dès l’esquisse comme un bâtiment passif avec l’aide du cabinet d’architecture INSO. L’ensemble des ponts thermiques a été réduit au minimum. Les matériaux employés sont étanches à l’air d’eux-mêmes : couverture, panneaux sandwich, menuiseries.
Enfin, le système constructif a été simplifié au maximum de façon à pouvoir réaliser les travaux avec des entreprises n’ayant aucune connaissance des constructions passives.
La seule véritable difficulté a été de faire réaliser aux entreprises de construction l’importance de l’étanchéité à l’air. Allain Tugdual peut en témoigner : « Les liaisons entre les panneaux et les autres éléments, que ce soit les menuiseries, le dallage, la couverture, les angles de bardage… sont essentielles pour la performance du bâtiment. Un jour, la membrane scotch était terminée, elle a été remplacée par du scotch d’électricité orange… Il a fallu reprendre un quart de la surface ! ».
Mais pour éviter ces aléas, un peu de dialogue suffit : « Au-delà du responsable d’affaire de l’entreprise, les réunions de chantier doivent se faire avec le chef de chantier qui sera présent sur place, rapporte Allain Tugdual. Si c’est prévu tout de suite, il n’y a pas de surcoût global. »
Malgré ces imprévus, les travaux ont duré 6 mois, et les délais n’ont pas été augmentés du fait du caractère passif du bâtiment.
UN PROJET PRESENTE AU CONGRES PASSI’BAT
Comment sensibiliser et encadrer des équipes novices en passif sans prendre du retard sur les délais ? Comment construire passif à un tarif défiant toute concurrence ? Quel retour d’expérience à an+1 ? D’autres appels d’offres ont-ils été remportés par le BET grâce à ce type de proposition ?
C’est pour répondre à toutes ces questions qu’Allain Tugdual, d’Equipe Ingénierie, interviendra au Congrès Passi’bat, les 25 et 26 novembre prochains.
Retrouvez le programme de Passi’bat : www.passibat.fr/programme2014
Rendez-vous la semaine prochaine pour un autre zoom sur une conférence du Congrès.