Érigée en 2011 au cœur de l’Alsace, la Maison Chloé a obtenu haut la main le label Bâtiment Passif, en 2012. Trois ans plus tard, les maîtres d’ouvrages ont décidé d’aller plus loin, en visant la classe supérieure, Bâtiment Passif Plus, obtenue avec succès en 2016. Retour sur un projet où ambition et durabilité se rejoignent.
2011 : montrer que le passif, c’est possible !
Gilles Guiot, gérant du constructeur Maisons Voegelé, fait la découverte de la construction passive en 2008, à Épinal, lors d’une intervention d’Etienne Vekemans, président de l’association La Maison Passive.
Le passif lui apparaît être la solution alternative à la construction BBC qu’il juge déjà comme « insuffisante » sur certains points. Méconnue en France à l’époque et victime de nombreux a priori, le maître d’ouvrage décide de tordre le cou aux préjugés et de concrétiser un projet passif pour montrer que « c’est possible ».
En plus d’avoir en ligne de mire l’objectif passif, les maîtres d’ouvrage décident d’avoir une démarche environnementale globale : les matériaux utilisés pour la construction sont bio-sourcés et l’ossature est en bois afin d’avoir une empreinte énergétique la plus neutre possible.
Pour un maximum d’efficacité, les murs ont été pré-assemblés et livrés sur le chantier avec l’isolation et la fibre de bois intégrées. Ouate de cellulose et fibres de bois composent l’isolation, faisant atteindre à la paroi une belle épaisseur de 49,5 cm d’épaisseur.
Le détail des matériaux bio-sourcés a été poussé jusque dans les détails car les menuiseries bois/alu Optiwin de Bieber mises en place sur le chantier bénéficient d’un joint en liège pour éviter la condensation.
La Maison Chloé offre une surface de 114 m² avec un rez-de-chaussée lumineux grâce aux grandes baies vitrées ; et un étage desservant 3 chambres (dont deux ont été transformées en un grand bureau, accueillant les sociétés Maisons Voegelé et B. Conception), une salle de bain et des toilettes.
Le côté nord-est de la maison est protégé grâce au garage, dont la toiture est végétalisée.
Enfin, toujours dans l’optique de la sobriété énergétique, la toiture se pare de 10 m² de panneaux photovoltaïques, produisant 1 110 kWh/an, soit 30 % des consommations du bâtiment. Les eaux pluviales sont récupérées dans une cuve qui alimente les toilettes et le lave-linge. Un récupérateur sur eaux grises Thermodule préchauffe l’arrivée d’eau grâce aux calories des eaux évacuées, soit un miroir de la ventilation double flux !
2016 : passif et positif, c’est possible !
En 2015, à l’annonce de l’évolution du label Bâtiment Passif vers 2 nouvelles classes qui permettent d’atteindre l’objectif positif, la Maison Chloé renoue avec son objectif premier, qui est de montrer qu’une démarche d’excellence est possible.
Les maîtres d’ouvrage envisagent l’objectif Bâtiment Passif Plus au regard de ces très basses consommations qu’enregistre l’instrumentation en continu du bâtiment (la consommation d’énergie finale annuelle tourne autour des 6 200 kWh). Les travaux pour la transition du bâtiment de Passif classique à Plus s’étaleront de juillet à octobre 2015.
Le bâtiment étant déjà équipé de systèmes peu énergivores ou permettant d’économiser au mieux les dépenses d’énergie (un récupérateur d’eau chaude sur la douche, une ventilation multifonction Drexel & Weiss mutualisant les fonctions de ventilation double flux, de chauffe-eau thermodynamique et de pompe à chaleur pour les moments les plus critiques de l’hiver) ; les actions pour économiser l’énergie ont été très ciblées.
Le point le plus épineux (et le plus gros poste de dépense énergétique en bâtiment passif) est l’ECS. Loin de lui l’envie de se laver à l’eau froide, le maître d’ouvrage a opté pour des petites astuces pour réduire la consommation d’eau chaude : c’est le cas par exemple pour la machine a laver qui a désormais deux entrées, l’une d’entre elles étant reliées au chauffe-eau thermodynamique. En revanche, Gilles Guiot a souhaité s’équiper du même système pour le lave-vaisselle, sans succès.
Quand on lui pose la question du solaire thermique, le maître d’ouvrage répond préférer la récupération de chaleur sur eaux grises, qui apporte autant que 2 m² de solaire thermique, sous les latitudes d’Alsace.
Le plus gros changement concerne le calcul du besoin photovoltaïque. Le maître d’ouvrage souhaite s’affranchir autant que possible de l’énergie nucléaire et s’est résolument tourné vers les énergies renouvelables, ce qui facilite l’obtention du label Bâtiment Passif Plus.
Ainsi, en juillet 2015, la capacité photovoltaïque en toiture est étendue à 6 kWc (kilowatt crête). Elle assure désormais une production de 7 000 kWh par an, bien au-delà des besoins du bâtiment.
Le maître d’ouvrage souligne que « les panneaux solaires sont le plus gros investissement » pour la transition du bâtiment et que « les capteurs photovoltaïques ont évolué depuis 2012, ce qui a permis cette transition. »
A tous ceux souhaitant se lancer dans l’aventure du label Bâtiment Passif Plus, Monsieur Guiot conseille de cibler un objectif passif « classique » avant d’anticiper une transition. Il cite Etienne Vekemans qui préconise « d’être sobre avant d’être positif » et de réduire ses consommations aux minimum, ce que permet la conception passive.
Il conseille également de surveiller la consommation d’ECS et de mutualiser les usages dès que cela est possible.
La Maison Chloé est le premier bâtiment passif a être certifié Plus en France, depuis février 2016. A vous bientôt le tour ?
Découvrez-en plus sur la genèse de la Maison Chloé avec l’article d’Habitat Naturel dédié en cliquant ici.